(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)
par CORENTIN CHAPPRON
Les banques centrales américaine et européenne se réuniront les prochains jours tandis que se poursuivent les publications de résultats d'entreprises de part et d'autre de l'Atlantique, et que la Chine se prépare à fêter le Nouvel An lunaire.
Tour d'horizon des perspectives de marché dans les prochains jours :
1/ LA FED FACE À TRUMP
La prochaine décision de la Réserve fédérale (Fed), mercredi, ne devrait pas surprendre les investisseurs - les marchés anticipent un maintien des taux à leurs niveaux actuels et les responsables de politique monétaire américains ont multiplié les déclarations en ce sens.
Les observateurs seront pourtant attentifs aux commentaires de l'institution sur les mesures prises par le président Donald Trump, qui pourraient alimenter la dynamique des prix.
La Fed pourrait aussi s'exprimer sur la progression des rendements souverains américains ces derniers mois, en dépit de ses baisses de taux: le 10 ans US10YT=RR a touché mi-janvier un plus haut depuis novembre 2023, à 4,81%.
Les marchés anticipent de fait une politique monétaire plus durablement restrictive, et la question est désormais de savoir si ces rendements élevés poseront problème aux actifs américains.
"L'impact sur les marchés dépendra du risque de résurgence de l'inflation", résument les stratégistes de Goldman Sachs.
Charge à la Fed de dissiper, ou non, une partie de ces inquiétudes.
2/ CONSENSUS A LA BCE
Au contraire de la réunion de décembre, la prochaine décision de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi, semble faire consensus au sein du conseil des gouverneurs.
"La principale raison de l'attitude plus accommodante de la BCE tient à sa prévision de taux terminal formulée en décembre, sous 2%", résument les stratégistes d'ING. Le taux de dépôt atteint 3% actuellement.
"A cela s'ajoutent les risques accrus pour la croissance de la zone euro découlant des possibles politiques économiques de la nouvelle administration américaine", et qui justifient d'assouplir d'ores et déjà les conditions économiques, soulignent les analystes.
La BCE pourrait néanmoins devoir composer avec un affaiblissement marqué de l'euro face au dollar, à mesure que se creuse l'écart de taux avec les États-Unis: si la banque centrale n'agit pas en fonction du taux de changes, une devise trop faible renchérirait les importations, en particulier énergétiques, créant ainsi de l'inflation.
3/ LES 5 MAGNIFIQUES
Les publications d'entreprises américaines se poursuivent: Apple, Tesla, Microsoft, Meta Platforms et Amazon.com sont notamment attendus dans les prochains jours. Le thème de l'intelligence artificielle (IA) devrait rester porteur.
"En dépit des inquiétudes autour de la monétisation de l'IA et du surinvestissement, les 'hyperscalers' (entreprises offrant du stockage de donnée à grande échelle) ont rappelé une fois de plus être engagées dans une course à l'armement dans l'IA", écrivent les analystes de BofA, qui estiment que les dépenses dans le secteur devraient rester soutenues.
Pour autant, la croissance des entreprises ne s'est pas limitée au secteur technologique en fin d'année dernière: les chiffres publiés jusqu'ici ont nettement surpris à la hausse, les bénéfices par action annoncés par les entreprises étant supérieurs de 10% au consensus en moyenne, contre 5% au cours du trimestre précédent.
Les investisseurs sont par ailleurs attentifs au positionnement des entreprises quant aux mesures annoncées par Donald Trump. HP Inc ou Home Depot ont évoqué leurs efforts pour diversifier leurs chaînes logistiques et limiter leur exposition à la Chine.
4/ DES RÉSULTATS EN EUROPE, AUSSI
Les bons chiffres publiés par Zalando, Richemont, Burberry ou encore Adidas font espérer un point d'inflexion pour les valeurs européennes, ce alors que débute la saison des résultats.
"Malgré un environnement macroéconomique un peu plus faible, les bénéfices au quatrième trimestre devraient être soutenus par des effets de base favorables sur un an", soulignent les analystes de Deutsche Bank.
Selon les données de LSEG I/B/E/S, les entreprises du Stoxx 600 devraient enregistrer une hausse de 1,5% de leurs bénéfices au quatrième trimestre sur un an, ou +4,9% hors énergie.
Une bonne surprise soutiendrait la dynamique des marchés européens - le Stoxx 600 progresse de 4,8% depuis début janvier et évolue sur un plus haut historique - mais les investisseurs demeureront attentifs aux résultats sectoriels, ce alors que les incertitudes politique, économique et monétaire demeurent élevées.
Les chiffres de LVMH LVMH.PA sont attendus mardi et constitueront un test clé: le luxe a constitué l'un des principaux freins à la performance des marchés européens en 2024, et la sensibilité du secteur à l'économie chinoise pourrait de nouveau peser sur les indices cette année.
5/ NOUVEL AN CHINOIS
La Chine fêtera mercredi l'année du Serpent, symbole auspicieux dont pourrait bien avoir besoin Pékin pour se dépêtrer de son marasme économique.
"La croissance du PIB de la Chine au quatrième trimestre a accéléré grâce aux exportations et aux mesures de relance, mais la reprise reste fragile", résument les économistes de Société Générale CIB.
Donald Trump a néanmoins adopté un ton plus conciliant à l'égard de Pékin et a éloigné la perspective de droits de douane punitifs de 60%.
Si ce scénario se concrétise, le soutien budgétaire annoncé en décembre serait suffisant pour permettre au pays de croître de manière stable, avec un objectif de croissance à 5%, estiment les économistes de la banque.
Les "Deux Sessions" parlementaires, le 5 mars, donneront davantage de détails sur les mesures de soutien, le paquet budgétaire et les objectifs économiques annoncés en fin d'année dernière.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)
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